La rotonde de Moulins-lès-Metz d'un siècle à l'autre, ou l'histoire de la vieille dame qui se refait une beauté...
Cette rotonde, située à proximité du quartier Saint Pierre, est en effet privilégiée car originale dans le cadre du patrimoine de notre commune. Elle eut aussi historiquement un rôle de premier plan pour Moulins.
Mais d’abord, posons-nous la question : qu’est-ce qu’une rotonde ? Au sens ferroviaire, la rotonde est un bâtiment de forme annulaire surmontée d’une coupole servant aux remises « des locomotives à stocker ou réparer ». Elle est desservie par un pont tournant qui permet d’effectuer le virage des locomotives qui ne possèdent qu’un sens de conduite. Construite en 1947, la rotonde SNCF était un site d’entretien avec une capacité de 150 locomotives. Elle fut fermée dans les années 1960 avec la fin de la traction à vapeur et des diesels pour devenir une structure commerciale, elle-même abandonnée à ce jour depuis 2014
D’abord un peu d’histoire : pourquoi une rotonde ?
Après 1918, l’Alsace et la Lorraine faisaient à nouveau parties du territoire français. Auparavant, sous la domination prussienne, les relations directes entre Metz et Paris n’avaient bien entendu jamais bénéficié d’un intérêt prioritaire de la part des autorités et encore moins de la nécessité d’un itinéraire direct !!! (on empruntait alors la ligne historique vers Nancy). Ensuite, selon la presse devenue française, la réalisation de cette ligne présentait avant tout un intérêt stratégique potentiel non négligeable permettant de désenclaver Metz et de rester en liaison avec l’intérieur de la France, » même si les voies ferrées de Metz- Nancy et Metz Verdun étaient coupées par le canon »…. Aussi, le 11 mai 1931, « le chaînon manquant « soit la section non construite entre Lerouville (dans le département de la Meuse) et Metz-ville vit elle le jour et fut inaugurée permettant alors de relier Paris à Metz. Il s’agissait d’un tronçon de 62 km. C’est la compagnie des Chemins de fer de l’Est qui fut chargée d’assurer cette liaison en 4 heures18 exactement à une cadence de 5 trains par jour et ce, dans chaque sens… Cette enclave eut pour conséquence la construction d’un dépôt de locomotives au terminus de la ligne, dénommé dépôt de Frescaty sur le territoire de la « route de Jouy ». Le dépôt lui-même dépendait du réseau d’Alsace Lorraine (A.L). Initialement prévu pour une capacité de 24 machines avec possibilité d’agrandissements ultérieurs successifs, le projet apparu en fait assez vite trop ambitieux et la Compagnie accepta de réduire à 18 le nombre de places, correspondant aux nécessités du trafic de la ligne nouvelle mais aussi de faire face aux acquisitions des terrains nécessaires

Comment le dépôt de la rotonde a-t-il été décisif pour Moulins Saint Pierre?
Selon Arthur Hole, historien de Moulins, le projet initial d’une cité ouvrière de la Compagnie de l’Est se justifiait vraiment pour loger le personnel sédentaire du nouveau dépôt, se composant de 45 logements pour les ménages et 15 logements pour les célibataires. L’édification fut abandonnée en réalité par le Ministère des Travaux publics en 1929 au motif qu’il s’agissait de logements pour des agents qui n’ont pas droit « directement » au logement gratuit… Aussi la Direction Générale des Chemins de Fer dû-t-elle se conformer à la décision du Ministère et en définitive cette cité ouvrière fut financée par la seule « maison du cheminot » à Metz. On ignore si les membres de cette communauté de cheminots furent heureux dans leur cité mais nous savons qu’ils eurent beaucoup d’enfants dont le nombre croissant justifiait la création d’une école de quatre classes (deux pour les garçons séparés des deux destinées aux filles). Les enfants étaient alors scolarisés à Montigny… Le transfert d’une commune à l’autre fut considéré en raison de son coût comme « peu amical de la part de Montigny à l’égard de Moulins qui devait en supporter la charge ! » (comme le confirme le compte-rendu du Conseil Municipal de Moulins en date du 31/12/1933). La durée des travaux s’échelonna jusqu’à octobre 1936, jour de la rentrée dans le nouveau groupe scolaire Moulins Alger (dénomination de l’ancienne ferme). Autre point particulier, un peu plus tardif : en 1950, les travaux de reconstruction du pont SNCF vers le dépôt s’achevaient. D’autre part, sur un tout autre plan, les heures de catéchisme étaient jusqu’alors dispensées dans la paroisse Saint-Joseph de Montigny. L’occasion était offerte pour le démarrage matériel et psychologique d’une nouvelle église en profitant des machines dévolues aux travaux de la SNCF et creuser un trou pour les fondations de la future crypte de l’église. Était-ce le signal d’un miracle moulinois, quand, sur simple appel, les gens du quartier, pratiquants ou non, allèrent donner un coup de main enthousiaste avec pelles et brouettes pour l’édification de la crypte Saint-Pierre aux Liens ?…

La rotonde : de sa vocation commerciale déçue au projet avant-gardiste d’une zone de loisirs indoor
Des années 60 à 2014, la vocation de la rotonde passa du rail à une vocation commerciale abritant les enseignes des magasins Atlas parisiens et Fly alsaciens. Malheureusement, dès 2014, suite à leur départ, il fallut faire face à toute une série de dégradations ternissant l’image de la rotonde laissée à l’abandon. La présence de grillages et portails servait à sécuriser le site notamment pour faire face au délabrement occasionné par divers occupants peu soigneux et itinérants. » On ne peut pas abandonner une friche comme celle-là, Il serait très important à l’avenir, que le site revive », affirmait en 2016 le maire de Moulins, Jean BAUCHEZ, conscient de la valeur patrimoniale de la rotonde, lieu chargé d’une histoire certes récente mais emblématique et aussi indubitablement d’une certaine esthétique malheureusement saccagée. Il fallait une offre cohérente de reprise pour faire renaître la rotonde de ses cendres… L’objectif retenu a été de se tourner vers des activités non concurrentielles avec les zones commerciales existantes. « L’idée serait d’y implanter des activités qui n’existent pas dans la métropole » affirme Anael Meyer, Directrice de la société Loisirama et porteuse du projet. Cette rotonde accueillera des établissements de loisirs en intérieur. Avec ses 27 000 m², la globalité de la zone indoor deviendra la plus grande de France et sera complémentaire de la grande zone artisanale et commerciale d’ActiSud !
La mise en place d’un réseau pour la circulation automobile, surtout les week-ends, mais aussi d’autres moyens diversifiés sont à l’étude… L’originalité architecturale envisagée est indiscutable avec un objectif ambitieux au-delà de nos frontières limitrophes et l’avantage est de bénéficier de la position stratégique à quelques encablures du plateau de Frescaty…