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L’Église paroissiale Saint Pierre Apôtre de Moulins Centre

A défaut d’un passé historique médiatisé, l’église recèle des caractéristiques aussi pittoresques qu’inattendues.

Tout d’abord, pourquoi, contrairement à d’autres édifices religieux, l’église a-t-elle toujours le même emplacement ? 

Contrairement à une idée reçue qui, par erreur, conférait un siège initial « Rue de Nancy »,  on sait en fait que son emplacement actuel est celui d’origine, car elle n’a jamais été détruite au cours des siècles. Elle ne doit pas cette caractéristique à la durabilité de ses matériaux mais à des raisons stratégiques historiques, car elle était située à l’intérieur des remparts de la forteresse qui défendait le pont initial de Moulins. 

Grâce à celui-ci, les habitants de Moulins étaient les seuls à disposer d’un pont pour passer d’une rive à l’autre de la Moselle. Il est en effet fait mention de ce pont initial dès 1227, qui fût très évidemment l’objet de nombreux conflits entre la cité de Metz et son évêque, pour des raisons de péage.

L’église Saint Pierre Apôtre à Moulins Centre est un édifice d’inspiration romane. Cette découverte pour le moins inattendue, nous la devons à notre historien moulinois, Arthur Holle qui, muni d’une boussole et de son érudition découvrit que l’église paroissiale (à l’image des vieux sanctuaires chrétiens) est orientée selon l’axe est-ouest conformément à la prescription de Saint Thomas d’Aquin.

D’autre part, elle est dotée de 2 entrées séparées, l’une destinée au clergé, la 2ème séparée d’elle, voutée aux modèles, autre caractéristique de l’art roman; Du reste, sur la partie septentrionale persiste les stigmates de cette ancienne porte destinée au clergé visible de nos jours. De fait, l’église jouait dès le XIème siècle un rôle primordial à l’occasion des fêtes annuelles appelées « rogations », prières censées attirer la bénédiction de Dieu pour protéger les récoltes et les fruits de la terre. Elle était même la première étape de la procession partant de Metz. A défaut de n’avoir jamais été détruite, l’église Saint Pierre Apôtre a subi 3 transformations au fil des siècles. Avant 1754, date de la 1ère transformation, un plan conservé aux archives départementales montre une nef de l’église de type basilique centrale, séparée par deux autres nefs de chaque côté (figure 2) ; Toutes les trois étaient dénommées en « cul de four » avec une voûte en quart de sphère rappelant la forme du four à pain utilisé jusqu’à la fin de la période romane. 

En 1754 exactement, les plus de la nef furent supprimés, faute de place, ne laissant subsister à l’intérieur que les 2 piliers carrés soutenant la cloche faisant passer la capacité de l’église de 79 paroissiens à 309. (Figure n°3) 

La modification suivante allait permettre à l’église de devenir ce que l’on appelle une église « grange » telle que vous la connaissez de nos jours, cette disposition permettant au bâtiment d’entreposer le résultat de la collecte de la dime, impôt de l’ancien régime en faveur de l’Église catholique. 

C’est en 1921 qu’eut lieu la dernière véritable transformation qui entraîna la suppression du clocher au milieu de la façade, ainsi que ses 2 piliers à l’intérieur de l’église, au profit du flanc droit que nous connaissons à présent à l’extérieur de la façade. 

Pour être complet, mentionnons à l’intérieur 2 curiosités pour les amateurs d’art sacré : l’autel Saint Joseph et de la Vierge Marie ne sont pas d’origine mais proviennent de l’église Notre Dame de Metz, édifiés pour la chapelle des Jésuites. Leur transfert à Moulins est le fruit d’une savoureuse rivalité, voir détestation « en toute charité » bien évidemment entre les bénédictins qui saisirent l’occasion de se débarrasser de ces autels provenant de leur « ennemi » Jésuite hors de Metz en les cédant à l’église de Moulins ! Quant aux vitraux, ils sont l’œuvre en 1954 d’un artiste Hongrois, Gyofgi, réfugié politique à Metz illustrant à droite et à gauche la vie de Saint Pierre. Ceux du chevet furent dessinés par Gérard Thon, professeur aux Beaux-Arts de Nancy. 

Ainsi, à défaut d’avoir été le témoin d’un passé glorieux et médiatisé, l’église Saint Pierre Apôtre, ne serait-ce que par sa pérennité au fil des siècles mais aussi ses origines romanes indiscutables, mérite dans sa discrétion une reconnaissance plus grande de la part des amateurs d’art sacré.