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L'ancien château Frescaty

Lieu de l’épilogue d’une tragédie historique nationale, la capitulation faisant suite au siège de Metz en 1870.

Le conflit franco-allemand en 1870 : mal parti d’emblée !

La France de l’empereur Napoléon III était hostile à l’unité allemande récente sous l’égide de la Prusse du chancelier Bismarck en raison de sa politique expansionniste en Europe. Sur le plan militaire, l’armée n’était pas à la hauteur de celle de la Prusse et de ses alliés, plus nombreux (800 000 hommes); l’armement était inférieur en qualité. Il fut pourtant décidé de déployer les troupes du Luxembourg à la Suisse. Autre handicap : l’empereur n’avait jamais manifesté un grand talent dans les opérations militaires contrairement à son oncle Napoléon Premier du nom ! Quant aux généraux, suite aux guerres coloniales multiples (Algérie, Cochinchine et Mexique), peu dynamiques, ils étaient surtout partisans d’une guerre « défensive ». Bref, les ingrédients d’un succès n’étaient pour le moins pas au rendez-vous !

Les opérations militaires pour mieux comprendre le désastre…

Elles débutèrent le 4 août 1870 en Alsace à Wissembourg et se résumèrent partout à une suite de défaites humiliantes, malgré le courage des troupes, en raison de stratégies souvent hasardeuses… L’empereur Napoléon III, malade et dépassé par les événements, abandonna le commandement de l’armée du Rhin, la plus nombreuse, au maréchal Bazaine. « Que le Dieu des Armées protège la France ».

En Lorraine, personne n’avait prévu véritablement les batailles autour de Metz, pas plus les Français que les Prussiens… Les trois journées de Borny le 14 août, de Rezonville-Mars la Tour le 16 août et de Saint Privas-Gravelotte le 18 août furent en fait des batailles de rencontre, non planifiées, se déroulant chacune sur une seule journée… Elles furent cependant effroyables pour les deux camps et décisives car, pour les Français, ces défaites eurent pour conséquence immédiate un blocus de la place de Metz par l’armée ennemie…


D’autre part, sur le plan moral, en quelques jours, elles ruinèrent le crédit que le maréchal Bazaine avait encore conservé auprès de ses officiers et de ses soldats… Mais pourquoi le théâtre des opérations eut-il lieu à Metz ? Chef-lieu du département de la Moselle, la ville, forte de ses 46 000 habitants civils et 8 000 militaires, était une place close et derrière ses remparts laissait un sentiment de sécurité depuis plusieurs siècles. Elle était investie, par tradition, d’une mission de Défense Nationale.

Le blocus de Metz du 22 août au 27 octobre 1870

Bazaine et l’armée du Rhin, de manière imprévue et pour le moins contestable, s’étaient ensuite repliées sur la ville puis laissées enfermer autour de la place… L’intérêt de l’état-major prussien était de ne pas laisser échapper cette armée de Bazaine et de la mettre ainsi hors de combat. En France, personne n’était véritablement informé de ce qu’il se passait précisément à Metz!… Silence de Bazaine, ou presque, fausses rumeurs … Le maréchal Mac Mahon à Chalons pourrait-il venir délivrer Bazaine? Ce dernier tenterait-il enfin une percée pour se libérer? À part une sortie manquée et mal organisée à Noisseville rien ne se produisit. Metz était devenue une « ville-hôpital », des milliers de blessés français et allemands étaient amenés depuis les champs de bataille voisins. Les services de santé n’étaient pas préparés à prendre en charge un si grand nombre de blessés. Manquaient médecins, médicaments, instruments de chirurgie. Les blessures par balles et éclats d’obus mais aussi par armes blanches s’infectaient, la dysenterie provoquée par l’eau contaminée expliquaient une mortalité effroyable de 80 à 100 soldats par jour. Pour les ensevelir, il fallut creuser des fosses communes à Chambière. En raison de pluies diluviennes, les campements étaient transformés en bourbiers. Enfin les soldats, mais surtout la société civile furent touchés par la baisse des ressources alimentaires, les rations diminuant de jour en jour. Les chevaux eux aussi victimes de leurs blessures ou infectés servaient souvent de nourriture… Pour les messins assiégés, tout s’aggrava en quelques jours, l’armée allemande ayant remporté le 1er septembre une victoire écrasante à Sedan, Napoléon III et Mac Mahon ayant été fait prisonniers. L’armée du Rhin, ne pouvant donc plus être délivrée, devait compter sur ses seules forces. Cette catastrophique capitulation à Sedan entraîna le 4 septembre 1870 la déchéance de l’empereur Napoléon III et la proclamation de la République ainsi que la formation du gouvernement de Défense Nationale. La voie vers la capitale depuis l’Est devenait libre pour l’armée allemande.

Vers la capitulation au château de Frescaty le 27 octobre 1870 après 68 jours de blocus

 

 

La capitulation de Sedan puis le siège désastreux de Metz précipitèrent le sort de l’armée du Rhin. En effet, Bazaine et la plupart des généraux, restés fidèles à l’Empire, seul gouvernement légitime à leurs yeux, considéraient que l’unique interlocuteur ne pouvait être que Bismarck. Bazaine essaya de son propre chef et sans mandat, de rentrer en contact avec lui lors du siège. En cherchant à être le sauveur de la dynastie, Bazaine, mis en accusation, apparaît vraisemblablement de nos jours d’avantage comme un bouc émissaire incompétent et timoré. L’on pouvait de la sorte le charger de toutes les erreurs, certaines parfois commises par d’autres… Responsable de haute trahison? Hautement improbable pour l’historien messin François Roth !
Aussi, la convention de capitulation eut-elle lieu le 27 octobre 1870 : la France était représentée par le chef d’état-major de Bazaine, le Général Jarras. Cette convention mettait donc fin à 68 jours de blocus. Elle fut signée à 22 heures à Moulins-lès-Metz, précisément à l’ancien château de Frescaty. A ce sujet, ne cherchez pas le château : il fut entièrement détruit par les bombardements américains en 1945, site par la suite de la BA 128.
C’était la fin de l’armée du Rhin.
La place de Metz, jamais violée au cours des siècles et surnommée « la pucelle » venait de capituler sans avoir été attaquée, et sans avoir été seulement défendue…
A Metz, le lendemain, il pleuvait à verse ; les journaux parurent avec une première page bordée de noir. Les habitants de Metz qui pressentaient depuis plusieurs jours l’affreuse nouvelle se rassemblèrent, il y eu des clameurs contre Bazaine. On fit sonner le bourdon de la cathédrale…